Ya rayah win msafar trouh taaya wa twali...
Ô toi qui t'en vas, où pars-tu ?
Tu finiras par revenir...
Chhal nadmou laabad el ghaflin qablak ou qabli...
Combien de gens peu avisés l'ont regretté avant toi et moi...
Chhal cheft al bouldan laamrine wa lber al khali...
Combien de pays surpleuplés et de régions désertes as-tu vu ?...
Chhal dhiyaat wqat chhal tzid mazal ou t'khali...
Combien de temps as-tu gaspillé ?
Combien vas-tu en perdre encore et que laisseras-tu ?...
Ya lghayeb fi bled ennas chhal taaya ma tadjri...
Ô toi l'émigré, tu ne cesses de courir
dans le pays des autres...
Tzid waad el qoudra wala zmane wenta ma tedri...
Le destin et le temps suivent leur course mais toi tu l'ignores...
[Refrain]
Aalach qalbek hzine waalach hakdha ki zawali...
Pourquoi ton coeur est-il si triste ?
Pourquoi restes-tu planté là
comme un malheureux ?...
Matdoum achadda wila tzid taalem ou tabni...
Les difficultés ne durent pas,
et toi tu ne construiras,
ni n'apprendras rien de plus,
ainsi...
Maydoumou layyam walay doum seghrek ou seghri ...
Les jours ne durent pas,
tout comme ta jeunesse et la mienne...
Ya hlilou meskine li ghab saadou ki zahri...
Ô le malheureux dont la chance est passée, comme la mienne...
[Refrain]
Ya msafer naatik oussaayti addiha el bakri...
Ô toi qui voyage, je te donne un conseil
à suivre tantôt ...
Chouf ma yeslah bik qbal ma tbia ou ma techri ...
Vois ce qui te convient avant
de vendre ou d'acheter...
Ya nnayem djani khabrek ma sralek ma srali...
Ô toi l'endormi,
des nouvelles de toi me sont parvenues,
il t'est arrivé ce qui m'est arrivé...
Hakdha rad el qalb bel djbine sabhane El Aali ...
Ainsi reviens le coeur à son créateur
le Très Haut ...

Abderrahmane Amrani, mieux connu sous son nom de scène Dahmane El Harrachi, né le 7 juillet 1925, à El-Biar (un quartier d'Alger) et grandit dans un autre, celui d'El-Harrach (anciennement Maison carrée à Alger), d'où son nom de scène, est un auteur-compositeur algérien de musique chaâbi. Son parcours artistique du chanteur est empruntée de sa propre expérience de la vie en traduisant dans ses chansons toutes les déclinaisons de l'Immigritude. Il composa notamment « Ya Rayah », reprise avec succès par le chanteur Rachid Taha.
D'origine chaouis du village Ouled Djellal a 75km de Biskra par son père qui était le muezzin de
la Grande Mosquée d'Alger, le chaâbi de Dahmane El Harrachi est puisé du vécu de la société à l’image du barde Sidi Kaddour El Alami. Sa voix rocailleuse est chantée avec justesse se prête très bien à son répertoire brossant les thèmes de la nostalgie du pays par la diaspora, les souffrances de l’exil, l’amour du pays et la passion pour sa ville natale. Dahmane El Harrachi émigre en 1949 en France qui lui inspire un grand nombre de ses chansons nostalgiques de son répertoire comme Bahdja beidha mat’houl (ce qui signifie : Bahdjja la blanche qui ne se fane jamais).
Le Certificat d'études en poche, il se fait cordonnier puis receveur de tramway sur la ligne reliant El-Harrach à Bab_El-Oued. Il intègre parallèlement une troupe d'amateurs qui se produit un peu partout dans le pays. En 1949, il se rend en France et s'installe à Lille, puis à Marseille et enfin Paris, ville qu'il ne quittera pratiquement plus, se produisant le plus souvent dans les cafés. Découvert sur le tard par la nouvelle génération, Dahmane El Harrachi a eu droit à sa première vraie scène lors du Festival de
la Musique maghrébine qui s'est tenu à la fin des années 70 à
La Villette. Quant à l'Algérie, terre qu'il n'a jamais cessé d'évoquer à sa façon joliment imagée, il n'y fera que deux apparitions avant de connaître une fin tragique dans sa capitale : il décède le 31 août 1980 d'un accident de la circulation sur la corniche algéroise.